parce que ces eſclaves, en ceſſant de l’être, devenoient des ſujets. Il eſt vrai que le pape Alexandre III déclara que des chrétiens devoient être exempts de ſervitude : mais il ne fit cette déclaration que pour plaire aux rois de France & d’Angleterre, qui vouloient abaiſſer leurs vaſſaux. S’il eût été inſpiré par l’amour de la juſtice & de l’humanité, il n’eût pas dit que le chrétien, mais il eût dit que l’homme n’étoit pas né pour la ſervitude ; que l’eſclave volontaire, eſt un lâche ; qu’aucun lien n’enchaîne licitement l’eſclave involontaire ; que celui qui ne peut le briſer par la force eſt innocent, s’il s’en délivre par la fuite ; & que ſon prétendu maître eſt un aſſaſſin, s’il punit de mort une action autoriſée par la nature. Mais la religion chrétienne défend ſi peu la ſervitude, que dans l’Allemagne-Catholique, en Bohême, en Pologne, pays très-catholiques, le peuple eſt encore eſclave ; & que les poſſeſſions eccléſiaſtiques y ont elles-mêmes des ſerfs, comme elles en avoient autrefois parmi nous, ſans que l’égliſe le trouve mauvais.
Les beaux jours de l’Italie étoient à leur aurore. On voyoit dans Piſe, dans Gênes,