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Histoire philosophique
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& ſi foibles, craignez de retomber ſous le joug d’un pouvoir arbitraire que vous avez brisé & qui vous menace encore. Ce n’eſt pas moi qui vous le dis ; ce ſont vos généreux ancêtres qui vous crient du fond de leurs tombeaux :

« N’eſt-ce donc que pour cette ignominie que nous avons rougi les mers de notre ſang, que nous en avons abreuvé cette terre ? La misère que nous n’avons pu ſupporter, eſt celle que vous vous préparez. Cet or, que vous accumulez & qui vous eſt ſi cher, c’eſt lui qui vous a mis ſous la dépendance d’un de vos ennemis. Vous tremblez devant lui, par la crainte de perdre les richeſſes que vous lui avez confiées. Il vous commande, & vous obéiſſez. Eh ! perdez-les, s’il le faut, ces perfides richeſſes, & recouvrez votre dignité, c’eſt alors que, plutôt que de ſubir un joug, quel qu’il ſoit, vous préférerez de renverſer de vos propres mains les barrières que vous avez données à la mer, & de vous enſevelir ſous les eaux, vous, & vos ennemis avec vous.

» Mais, ſi dans l’état d’abjection & de