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Histoire philosophique

cieuſes, où l’homme, exempt de beſoins, n’avoit que des plaiſirs à déſirer ; où jouiſſant, ſans travail & ſans inquiétude, des meilleures productions & du plus beau ſpectacle de l’univers, il pouvoit s’appeller, à juſte titre, l’être par excellence & le roi de la nature ? Telles étoient les rives du Gange & les belles contrées de l’Indoſtan. Les fruits les plus délicieux y parfument l’air, & fourniſſent une nourriture ſaine & rafraîchiſſante ; des arbres y préſentent des ombrages impénétrables à la chaleur du jour. Tandis que les eſpèces vivantes qui couvrent le globe ne peuvent ſubfiſter ailleurs qu’à force de ſe détruire ; dans l’Inde, elles partagent avec leur maître l’abondance & la ſûreté. Aujourd’hui même, que la terre devroit y être épuisée par les productions de tant de ſiècles, & par leur conſommation dans des régions éloignées, l’Indoſtan, ſi l’on en excepte un petit nombre de lieux ingrats & ſablonneux, eſt encore le pays le plus fertile du monde.

VIII. Religion, gouvernement juriſprudence,

Le moral n’y eſt pas moins extraordinaire que le phyſique. Lorſqu’on arrête ſes regards ſur cette vaſte contrée, on ne peut voir ſans douleur que la nature y a tout fait pour