Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
66
Histoire philosophique

campagne des tronçons de colonnes, des ſtatues mutilées, des entablemens brisés, des pyramides immenſes échappées aux ravages des guerres & des tems, contemple avec admiration ces reſtes d’une nation qui n’exiſte plus. Il ne retrouve plus la place de cette Thèbes aux cent portes, ſi célèbre dans l’antiquité : mais les débris de ſes temples & de ſes tombeaux, lui donnent une plus haute idée de ſa magnificence que les récits d’Hérodote & de Diodore.

En examinant avec attention les récits des voyageurs ſur les mœurs des naturels de l’Inde, on croit marcher ſur des monceaux de ruines. Ce ſont les débris d’un édifice immenſe. L’enſemble en eſt détruit : mais ces débris épars affectent la grandeur & la régularité du plan. Au travers de ſuperſtitions abſurdes, de pratiques puériles & extravagantes, d’uſages & de préjugés biſarres, on apperçoit les traces d’une morale ſublime, d’une philoſophie profonde, d’une police très-rafinée ; & lorſqu’on veut remonter à la ſource de ces inſtitutions religieuſes & ſociales, on voit qu’elle ſe perd dans l’obſcurité des tems. Les traditions les plus an-