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des deux Indes.

politiques, qui ne trouvant pas en eux-mêmes les moyens de gouverner leurs ſemblables à leur gré, cherchèrent dans le ciel la force qui leur manquoit, & en firent deſcendre la terreur. Leurs rêveries furent généralement admiſes dans toute leur abſurdité. Ce ne fut que par le progrès de la civiliſation & des lumières, qu’on s’enhardit à les examiner, & qu’on commença à rougir de ſa croyance. D’entre les raiſonneurs, les uns s’en moquèrent & formèrent la claſſe abhorrée des eſprits forts ; les autres par intérêt ou puſillanimité, cherchant à concilier la folie avec la raiſon, recoururent à des allégories dont les inſtituteurs du dogme n’avoient pas eu la moindre idée, & que le peuple ne comprit pas ou rejetta pour s’en tenir purement & ſimplement à la foi de ſes pères.

Les annales ſacrées des Indiens datent des ſiècles les plus reculés, & ſe ſont conſervées juſqu’aux derniers tems ſans aucune interruption. Elles ne font aucune mention de l’événement le plus mémorable & le plus terrible, le déluge. Les brames prétendent que leurs livres ſacrés ſont antérieurs à cette époque, Si que ce fléau ne s’étendit pas ſur l’Indoſtan.