Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/106

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ville eſt tombée à la diſcrétion d’un petit nombre de citoyens qui, partageant les droits & la dépouille du peuple, ont eu l’art d’éluder ſes plaintes, ou de prévenir la fureur de ſon mécontentement. Le gouvernement eſt devenu preſque ariſtocratique. Si l’on ſe fut borné à réformer ce que la conſtitution avoit de défectueux, la maiſon d’Orange pouvoit craindre de n’être plus rappelée au degré de ſplendeur dont on l’avoit fait deſcendre. Une conduite moins déſintéreſſée a fait déſirer le rétabliſſement du ſtadhoudérat, & on l’a rendu héréditaire, même aux femmes.

Mais cette dignité doit-elle devenir avec le tems un inſtrument d’oppreſſion ? Des hommes très-éclairés n’en voient pas la poſſibilité. Rome, diſent-ils, eſt toujours citée pour exemple à tous nos états libres, qui n’ont rien de commun avec elle. Si le dictateur devint l’oppreſſeur de cette république, c’eſt qu’elle avoit opprimé toutes les nations ; c’eſt que ſa puiſſance devoit périr par le glaive qui l’avoit fondée ; c’eſt qu’une nation composée de ſoldats, ne pouvoit échapper au deſpotiſme du gouvernement militaire.