Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/141

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ration des grandes routes & d’autres édifices. Et c’eſt ainſi que, ſous prétexte de s’entr’aider, les deux autorités ſe mêloient & préparoient les diſſenſions qui devoient un jour s’élever entre elles. Tel fut dans les premiers ſiècles, dans les beaux jours de l’égliſe, le troiſième état de ſon gouvernement, moitié civil, moitié ecclésiastique, auquel on ne ſait plus quel nom donner. Eſt-ce par la foibleſſe des empereurs ? eſt-ce par leur crainte ? eſt-ce par l’intrigue ? eſt-ce par la ſainteté des mœurs, que les chefs du chriſtianiſme ſe concilièrent tant & de ſi importantes prérogatives ? Alors la terreur religieuſe avoit peuplé les déſerts de ſolitaires. On en comptoit plus de ſoixante-ſeize mille. C’étoit une pépinière de diacres, de prêtres & d’évêques.

Conſtantin a tranſféré le ſiège de l’empire à Bizance. Rome n’en eſt plus la capitale. Les barbares, qui l’ont priſe, repriſe & pillée, ſe convertiſſent. La deſtinée du chriſtianiſme vainqueur des dieux du capitole étoit de s’emparer des deſtructeurs du trône des Céſars : mais en changeant de religion, ces chefs de horde ne changèrent pas de mœurs. Les