Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/149

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ſe multiplioient, & toutefois cet état de l’égliſe que nous avons expoé ſans fiel & ſans exagération, ſe perpétue dans tous les pays chrétiens depuis le neuvième juſqu’au quatorzième ſiècle, intervalle de quatre à cinq cens ans. Les empereurs ont perdu l’Italie. Les papes y ont acquis une grande puiſſance temporelle. Perſonne ne s’eſt encore élevé contre leur puiſſance ſpirituelle. Les intérêts de ce ſouverain ſont embraſſés par tous les Italiens. La dignité de l’épiſcopat reſte éclipsée par le cardinalat. Le clergé séculier eſt toujours dominé par le clergé régulier. Veniſe ſeule a connu & défendu ſes droits. L’irruption des Maures en Eſpagne y a jeté le çhriſtianiſme dans une abjection dont il s’eſt à peine relevé depuis deux cens ans ; & l’inquiſition l’y montre juſqu’à nos jours ſous l’aſpect le plus hideux : l’inquiſition, tribunal terrible, tribunal inſultant à l’eſprit de J. C., tribunal qui doit être déteſté, & des ſouverains, & des évêques, & des magiſtrats & des ſujets ; des ſouverains, qu’il oſe menacer & contre leſquels il a quelquefois cruellement sévi ; des évêques, dont il anéantit la juriſdiction ; des magiſtrats, dont il uſurpe