Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/153

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Mais s’il m’étoit permis de m’expliquer ſur une matière auſſi importante, j’oſerois aſſurer que ni en Angleterre, ni dans les contrées hérétiques de l’Allemagne, des Provinces-Unies & du Nord, on n’eſt remonté aux véritables principes. Mieux connus, que de ſang & de troubles ils auroient épargné ; de ſang païen, de ſang hérétique, de ſang chrétien, depuis la première origine des cultes nationaux juſqu’à ce jour ; & combien ils en épargneroient dans l’avenir, ſi les maîtres de la terre étoient aſſez ſages & aſſez fermes pour s’y conformer.

L’état, ce me ſemble, n’eſt point fait pour la religion, mais la religion eſt faite pour l’état. Premier principe.

L’intérêt général eſt la règle de tout ce qui doit ſubſiſter dans l’état. Second principe.

Le peuple, ou l’autorité ſouveraine dépoſitaire de la ſienne, a ſeule le droit de juger de la conformité de quelque inſtitution que ce ſoit avec l’intérêt général. Troiſième principe.

Ces trois principes me paroiſſent d’une évidence inconteſtable, & les propoſitions qui ſuivent n’en ſont que des corollaires.