Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/175

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lent & opiniâtre dans l’exécution, Philippe III réunit tous les défauts qui ſe nuiſent, & font tout avorter, tout échouer. Il épuiſa le peu de vie & de vigueur qui reſtoit au tronc de la monarchie. Richelieu profita de cette foibleſſe de l’Eſpagne, de la foibleſſe du roi qui maîtriſoit, pour remplir ſon ſiècle de ſes intrigues, & la poſtérité de ſon nom ; L’Allemagne & l’Eſpagne étoient comme liées par la maiſon d’Autriche : à cette ligue, il oppoſa par contrepoids celle de la France avec la Suède. Ce ſyſtême auroit été l’ouvrage de ſon tems, il n’avoit pas été celui de ſon génie. Guſtave Adolphe enchaîna tout le Nord à la ſuite de ſes victoires. L’Europe entière concourut à l’abaiſſement de l’orgueil Autrichien ; & la paix des Pyrénées fit paſſer les honneurs de la prépondérance de l’Eſpagne à la France.

On avoit accusé Charles-Quint d’aſpirer à la monarchie univerſelle, on accuſa Louis XIV de la même ambition. Mais ni l’un ni l’autre ne conçut un projet ſi haut, ſi téméraire. Ils avoient tous les deux paſſionnément à cœur d’étendre leur empire, en élevant leurs familles. Cette am-