Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

être ſavant. Pour traverſer de l’Europe en Afrique, il ne falloit, pour ainſi dire, que des bateaux plats, qui débarquoient des Carthaginois ou des Romains : car ce furent preſque les ſeuls peuples qui rougirent la mer de leur ſang. Les Athéniens & les républiques de l’Aſie, firent heureuſement plus de commerce que de carnage.

Après que ces nations fameuſes eurent laiſſé la terre & la mer à des brigands & à des pirates, la marine reſta durant douze ſiècles dans le néant où étoient tombés tous les autres arts. Ces eſſains de barbares, qui dévorèrent le cadavre & le ſquelette de Rome, vinrent de la mer Baltique, ſur des radeaux ou des pirogues, ravager & parler nos côtes de l’océan : mais ſans s’écarter du continent. Ce n’étoient point des voyages, mais des deſcentes qui ſe renouvelloient chaque jour. Les Danois & les Normands n’étoient point armés en courſe, & ne ſavoient guère ſe battre que ſur terre.

Enfin, le haſard ou la Chine donna la bouſſole à l’Europe, & la bouſſole lui donna l’Amérique. L’aiguille aimantée montrant aux navigateurs de combien ils s’approchoient

ou