Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/228

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la Hogue quatre-vingt-dix vaiſſeaux Anglais & Hollandois, pour donner à l’Angleterre un roi qu’elle ne vouloit pas, & qui ne ſouhaitoit pas trop de l’être. Le parti le plus nombreux eut la victoire. Jacques II ſentit un plaiſir involontaire, en voyant triompher le peuple qui le repouſſoit ; comme ſi dans ce moment, l’amour aveugle de la patrie l’eût emporté contre lui dans ſon cœur, ſur l’ambition du trône. Depuis cette journée, la France vit décliner ſes forces navales, & il étoit impoſſible qu’il fut autrement.

Accoutumé à mettre plus de fierté que de méthode dans ſes entrepriſes, plus jaloux de paroître puiſſant que de l’être en effet, Louis XIV avoit commencé par poſer le faîte de ſa marine guerrière, avant d’en avoir aſſuré les fondemens. L’unique baſe ſolide qu’on eût pu lui donner, c’eût été une navigation marchande, vive, étendue ; & il n’en exiſtoit preſque pas un commencement dans le royaume. Le commerce des Indes Orientales ne faiſoit que de naître. Les Hollandois s’étoient approprié le peu de denrées gue produiſoient alors les iſles de l’Amérique. On n’avoit pas ſongé à donner aux