Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/266

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de la néceſſité publique & de l’offre honteuſe d’un ſauf-conduit. Ce n’eſt pas dans le miniſtère d’une nation, c’eſt en vous que l’étranger & le citoyen ont eu confiance. C’eſt dans vos mains qu’ils ont déposé leurs fonds ; & rien ne peut vous ſauver de leurs reproches & de ceux de votre conſcience, ſi vous en avez une.

Vous ſerez bien ſages, ſi vous ne formez d’autres entrepriſes que celles qui peuvent échouer, ſans attriſter votre famille & ſans troubler votre repos.

Ne ſoyez ni puſillanimes, ni téméraires. La puſillanimité vous fixeroit dans la médiocrité ; la témérité vous raviroit en un jour le fruit du travail de pluſieurs années.

Il n’y a nulle comparaiſon entre la fortune & le crédit. La fortune, ſans crédit, eſt peu de choſe. Le crédit, ſans fortune, n’a point de limites. Tant que le crédit reſte, la ruine n’eſt pas conſommée. Le moindre ébranlement en crédit peut être ſuivi du dernier déſaſtre. J’ai vu qu’au bout de vingt années, on n’avoit pas encore oublié que la caiſſe d’une compagnie opulente avoit été fermée vingt-quatre heures.