Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/27

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comme de la ſageſſe de tous les gouvernemens, d’avoir un même code moral de religion dont il ne ſeroit pas permis de s’écarter, & de livrer le reſte à des diſcuſſions indifférentes au repos du monde. Ce ſeroit le plus sûr moyen d’éteindre inſenſiblement le fanatiſme des prêtres, & l’enthouſiaſme des peuples.

C’eſt en partie à la découverte du Nouveau-Monde qu’on devra la tolérance religieuſe qui doit s’introduire dans l’ancien. Elle arrivera cette tolérance. La persécution ne feroit que hâter la chute des religions dominantes. L’induſtrie & la lumière ont pris chez les nations un cours, un aſcendant qui doit rétablir un certain équilibre dans l’ordre moral & civil des ſociétés. L’eſprit humain eſt déſabusé de l’ancienne ſuperſtition. Si l’on ne profite de cet inſtant pour le guider & le rendre à l’empire de la raiſon, il faut que la maſſe générale des hommes qui a beſoin d’eſpérances & de craintes, ſe livre à des ſuperſtitions nouvelles.

Tout a concouru depuis deux ſiècles à épuiſer cette fureur de zèle qui dévoroit la terre. Les déprédations des Eſpagnols dans