Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/311

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amène vraiment l’âge d’or, où les fleuves de lait & de miel couleur dans les campagnes. Toutes les terres ſont miſes en valeur. Les prés favoriſent le labourage, par les beſtiaux qu’ils engraiſſent ; la culture des bleds encourage celle des vins, en fourniſſant une ſubſiſtance toujours aſſurée à celui qui ne sème, ni ne moiſſonne ; mais plante, taille & cueille.

Prenez un ſyſtême opposé. Entreprenez de régler l’agriculture & la circulation de ſes produits par des loix particulières : que de calamités ! L’autorité voudra non-ſeulement tout voir, tout ſavoir, mais tout faire, & rien ne ſe fera. Les hommes ſeront conduits comme leurs troupeaux & leurs grains ; ils ſeront ramaſſés en tas, & diſpersés au gré d’un deſpote, pour être égorgés dans les boucheries de la guerre, ou pour dépérir inutilement ſur les flottes & dans les colonies. La vie d’un état en deviendra la mort. Ni les terres, ni les hommes ne pourront proſpérer ; & les états marcheront promptement à leur diſſolution, à ce démembrement, qui eſt toujours précédé du maſſacre des peuples & des tyrans. Que deviendront alors les manufactures ?