Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/337

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de gouvernemens ne multiplient pas l’eſpèce humaine. Les villes libres de la Grèce avoient des loix ſi compliquées, qu’il en réſultoit une diſſenſion continuelle entre les citoyens. La populace même, qui n’avoit point droit de ſuffrage, ne laiſſoit pas de faire la loi dans les aſſemblées publiques, où l’homme de génie, avec la parole, pouvoit remuer tant de bras. Et puis, dans ces états, la population tendoit à ſe concentrer dans la ville, avec l’ambition, le pouvoir, les richeſſes, tous les fruits & les reſſorts de la liberté. Ce n’eſt pas que les campagnes ne duſſent être bien cultivées & bien peuplées, ſous un gouvernement démocratique : mais il y avoit peu de démocraties ; & comme elles étoient toutes ambitieuſes, ſans autre moyen de s’agrandir que la guerre, ſi l’on en excepte Athènes, qui ne parvint encore au commerce que par les armes, la terre ne pouvoit long-tems fleurir & produire des hommes. Enfin, la Grèce & l’Italie furent, au plus, les ſeuls pays de l’Europe mieux peuplés qu’aujourd’hui.

Après la Grèce, qui repouſſa, contint & ſubjugua l’Aſie ; après Carthage, qui parut