Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/340

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abondantes, plus variées & plus agréables ; parce qu’on en a demandé davantage & qu’on les a mieux payées ; parce que les méthodes & les inſtrumens ont acquis un degré de ſimplicité & de perfection qu’ils n’avoient pas ; parce que les cultivateurs, encouragés de mille manières, ſont devenus plus actifs & plus intelligens.

On trouve dans la police, la morale & la politique modernes, des cauſes de propagation qui n’étoient pas chez les anciens : mais on y voit auſſi des obſtacles qui peuvent empêcher ou diminuer, parmi nous, cette ſorte de progrès, qui, dans notre eſpèce, doit être le comble de ſa perfectibilité. Car jamais les hommes ne ſeront plus nombreux, s’ils ne ſont plus heureux.

La population dépend beaucoup de la diſtribution des biens fonds. Les familles ſe multiplient comme les poſſeſſions ; & quand elles ſont trop vaſtes, leur étendue démeſurée arrête toujours la population. Un grand propriétaire, ne travaillant que pour lui ſeul, conſacre une moitié de ſes terres à ſes revenus, & l’autre à ſes plaiſirs. Tout ce qu’il donne à la chaſſe, eſt doublement perdu