Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/360

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les alimens. D’un homme pauvre, il fait un mendiant ; d’un travailleur, un oiſif ; d’un malheureux, un ſcélérat : c’eſt-à-dire, qu’il conduit un famélique à l’échafaud par la misère.

Si la taxe porte ſur des denrées moins néceſſaires : que de bras perdus pour l’agriculture & pour les arts ſont employés, non pas à garder les boulevards de l’empire, mais à hériſſer un royaume d’une infinité de petites barrières ; à embarraſſer les portes des villes ; à infeſter les chemins & les paſſages du commerce ; à fureter dans les caves, dans les greniers, dans les magaſins ! Quel état de guerre entre le prince & le peuple ; entre le citoyen & le citoyen ! Que de priſons, de galères, de gibets, pour une foule de malheureux qui ont été pouſſés à la fraude, à la contrebande, à la révolte même par l’iniquité des loix fiſcales ?

L’avidité des ſouverains s’eſt étendue des conſommations aux marchandiſes, que les états ſe vendent les uns aux autres. Deſpotes inſatiables ! ne comprendrez-vous jamais que ſi vous mettez des droits ſur ce que vous offrez à l’étranger, il achètera moins cher,