Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/366

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D’ailleurs cette impoſition, ſi égale en apparence, ſeroit, dans la réalité, la plus diſproportionnée de toutes celles que l’ignorance ait jamais imaginées. Tandis qu’on n’exigeroit d’un contribuable que le quart de ſon revenu, on en prendroit la moitié, quelquefois davantage à d’autres qui, pour avoir la même quantité de productions, auroient été obligés par la nature d’un ſol ingrat ou d’une exploitation difficile, à des dépenſes infiniment plus conſidérables.

Ces inconvéniens ont fait rejeter une idée, proposée ou appuyée par des hommes peu versés dans l’économie politique, mais révoltés avec raiſon de la manière arbitraire dont ils voyoient taxer les terres. Vous prendrez pour règle l’étendue des domaines ? Mais ignoreriez-vous qu’il y en a qui peuvent payer beaucoup, qu’il y en a qui ne peuvent payer que peu, qu’il y en a même qui ne peuvent rien payer, parce que ce qui reſte au-delà des frais eſt à peine ſuffiſant pour déterminer l’homme le plus intelligent à les cultiver ? Vous ferez repréſenter les baux ? Mais les fermiers & les propriétaires n’agiront-ils pas de concert pour vous