Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/374

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jouiſſance. Il eſt écrit dans vos cœurs, où la divinité a imprimé l’amour de la liberté. Cette tête élevée vers les cieux, n’eſt pas faite à l’image du créateur, pour ſe courber devant un homme. Aucun n’eſt plus qu’un autre, que par le choix, que de l’aveu de tous. Gens de cour, votre grandeur eſt dans vos terres, & non pas aux pieds d’un maître. Soyez moins ambitieux, & vous ſerez plus riches. Allez rendre la juſtice à vos vaſſaux, & vous augmenterez votre fortune, en augmentant la maſſe du bonheur commun. Que gagnez-vous à élever l’édifice du deſpotiſme ſur les ruines de toute eſpèce de liberté, de vertu, de ſentiment, de propriété ? Songez qu’il vous écraſera tous. Autour de ce coloſſe de terreur, vous n’êtes que des figures de bronze, qui repréſentent les nations enchaînées aux pieds d’une ſtatue.

Si le prince a ſeul le droit des tributs, quoiqu’il n’ait pas intérêt à ſurcharger, à vexer les peuples, ils ſeront ſurchargés & vexés. Les fantaiſies, les profuſions, les entrepriſes du ſouverain, ne connoîtront plus de bornes dès qu’elles ne trouveront plus d’obſtacles. Bientôt une politique fauſſe