Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/383

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qui circulent nuit & jour de toutes parts pour m’aſſurer de la fidélité des propriétaires ou marchands en gros à tenir leur pacte d’aſſociation, deſcendent tous les jours, plutôt deux fois qu’une, chez chaque cabaretier ou aubergiſte, ſondent les tonneaux, comptent les bouteilles ; & pour peu qu’on ſoit ſoupçonné de quelque eſcamotage ſur ma part, on eſt ſi sévèrement puni qu’on n’en eſt pas tenté davantage ».

Mais, viſir, pour te plaire, tes agens ne ſont-ils pas autant de petits tyrans ſubalternes ?

« Je n’en doute pas ; & je les en récompenſe bien ».

À merveille. Mais, viſir, j’ai un ſcrupule. Ces aſſociations avec le propriétaire, le marchand en gros, le détailleur, ont un peu l’air de celles que le voleur de grand chemin contracteroit avec le paſſant qu’il détrouſſe.

« Vous n’y penſez pas. Les miennes ſont autorisées par la loi & par l’inſtitution ſacrée de la force publique. Rien ne vous en impoſe-t-il donc ? Mais venez maintenant aux portes de la cité, où je ne ſuis