Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/403

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ne leur procure que la faculté de ſe ruiner. Un état qui emprunte, aliène une portion de ſon revenu pour un capital qu’il dépenſe. Il eſt donc plus pauvre après ces emprunts qu’il ne l’étoit avant cette opération funeſte.

Malgré la rareté de l’or & de l’argent, les gouvernemens anciens ne connurent pas l’uſage du crédit public, même à l’époque des plus funeſtes criſes. On formoit durant la paix un tréſor qui s’ouvroit dans des tems de troubles. Alors les métaux rentrés dans la circulation excitoient l’induſtrie, & rendoient, en quelque manière, légères les calamités inévitables de la guerre. Depuis que la découverte du Nouveau-Monde a rendu les métaux plus communs, les adminiſtrateurs des empires ſe ſont généralement livrés à des entrepriſes ſupérieures aux facultés des nations qu’ils gouvernoient, & ils n’ont pas craint de charger les générations futures des dettes qu’ils s’étoient permis de contracter. Cette chaîne d’oppreſſion s’eſt prolongée ; elle doit lier nos derniers neveux, & s’appeſantir ſur tous les peuples & ſur tous les ſiècles.