Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/448

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corriger & perfectionner ſon ouvrage, c’eſt-à-dire, l’établiſſement de la bonne philoſophie. Ces deux hommes ſeuls en hâtèrent prodigieuſement les progrès. L’un pouſſa la ſcience de Dieu & de l’âme auſſi loin que la raiſon peut la conduire ; & l’inutilité de ſes efforts déſabuſa pour jamais l’eſprit humain de cette fauſſe métaphyſique. L’autre étendit les principes de la phyſique & des mathématiques beaucoup plus avant que le génie de pluſieurs ſiècles n’avoit pu les amener, & montra le chemin de la vérité. En même tems, Locke, précédé d’un homme à qui la nature avoit accordé une force de tête peu commune & qui étoit reſté dans l’obſcurité par la hardieſſe même de ſes principes qui auroit du l’en tirer, je veux parler de Hobbes, Locke pourſuivoit les préjugés ſcientifiques dans tous les retranchemens de l’école ; il faiſoit évanouir tous les ſpectres de l’imagination, que Mallebranche laiſſoit renaître en les abaiſſant, parce qu’il n’alloit pas à la racine du mal.

Ne croyez pas que les philoſophes ſeuls aient tout découvert & tout imaginé. C’eſt le cours des événemens qui a donné une