Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/473

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veut attirer chez lui. Ce n’eſt pas aſſez des honneurs qu’il reçoit en public ; il lui faut des admirateurs, ou de ſon eſprit, ou de ſon luxe, ou de ſa table. Si les richeſſes corrompent en conduiſant aux honneurs, combien plus encore en répandant le goût des plaiſirs ? La misère vend la chaſteté ; la pareſſe vend la liberté ; le prince vend la magiſtrature, & les magiſtrats vendent la juſtice ; la cour vend les places, & les hommes en place vendent le peuple au prince, qui le revend à ſes voiſins par des traités de guerre ou de ſubſide, de paix ou d’échange. Mais dans ce trafic ſordide qu’introduit l’amour des richeſſes, l’altération la plus ſenſible eſt celle qui ſe fait dans les mœurs des femmes.

Il n’y a point de vice qui naiſſe d’autant de vices & qui en produiſe un plus grand nombre que l’incontinence d’un ſexe dont la pudeur & la modeſtie ſont le véritable apanage & la plus belle parure. Je n’entends point par incontinence la promiſcuité des femmes ; le ſage Caton la conſeille dans ſa république : ni leur pluralité ; le préſent des contrées ardentes & voluptueuſes