Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/478

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galanterie qui étend la proſtitution. Les moraliſtes anciens, qui plaignoient les malheureuſes victimes du libertinage, prononçoient ſans ménagement contre les épouſes infidèles ; & ce n’étoit pas ſans raiſon. Si l’ont parvient à rejeter toute la honte du vice ſur la claſſe des femmes communes, les autres ne tarderont pas à s’honorer d’un commerce reſtreint, bien qu’il ſoit d’autant plus criminel qu’il eſt plus volontaire & plus illicite. On ne diſtinguera plus la femme honnête & vertueuſe de la femme tendre ; l’on établira une diſtinction frivole entre la femme galante & la courtiſane ; entre le vice gratuit, & le vice réduit par la misère à exiger un ſalaire ; & ces ſubtilités décèleront une dépravation ſyſtématique. Ô tems heureux & groſſiers de nos pères, où il n’y avoit que des femmes honnêtes ou malhonnêtes ; où toutes celles qui n’étoient pas honnêtes étoient malhonnêtes, & où le vice conſtant ne s’excuſoit pas par ſa durée !

Mais enfin quelle eſt la ſource de ces paſſions délicates, formées par l’eſprit, le ſentiment, la ſympathie des caractères ? La manière dont elles ſe terminent toujours,