Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/60

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Chinois, les Ruſſes ont d’eux-mêmes, eſt un nouvel obſtacle à la réformation. Ils ſe regardent de bonne foi comme le peuple le plus ſensé de la terre, & ſont confirmés dans ce ſol orgueil par ceux d’entre eux qui ont viſité le reſte de l’Europe. Ces voyageurs rapportent ou feignent de rapporter dans leur patrie le préjugé de ſa ſupériorité, & ne l’enrichiſſent que des vices qu’ils ont ramaſſés dans les diverſes régions où le haſard les a conduits. Auſſi un obſervateur étranger qui avoit parcouru la plus grande partie de l’empire, diſoit-il, que le Ruſſe étoit pourri avant d’avoir été mûr.

On pourroit s’étendre davantage ſur les difficultés que la nature & les habitudes oppoſent opiniâtrement à la civiliſation de la Ruſſie. Examinons les moyens imaginés pour y parvenir.

Il eſt impoſſible d’en douter, Catherine a très-bien ſenti que la liberté étoit l’unique ſource du bonheur public. Cependant a-t-elle véritablement abdiqué l’autorité deſpotique ? En liſant avec attention ſes inſtructions aux députés de l’empire, chargés en apparence de la confection des loix, y reconnoît-on

quelque