Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/69

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conditions ſous leſquelles je veux vous ſoumettre ; & ils ont dit, nous les acceptons. À peine s’eſt-il élevé une voix qui ait réclamé. Quelle ſera la ſuite de cette révolution ? On l’ignore. Si le maître veut uſer des circonſtances, jamais la Suède n’aura été gouvernée par un deſpote plus abſolu. S’il eſt ſage ; s’il conçoit que la ſouveraineté illimitée ne peut avoir des ſujets, parce qu’elle ne peut avoir des propriétaires ; qu’on ne commande qu’à ceux qui ont quelque choſe, & que l’autorité ceſſe ſur ceux qui ne poſſèdent rien, la nation reprendra peut-être ſon premier eſprit. Quels que ſoient ſes projets & ſon caractère, la Suède ne ſera jamais plus malheureuſe qu’elle l’étoit.

La Pologne, qui, n’ayant qu’un peuple eſclave au-dedans, mérite de ne trouver au-dehors que des oppreſſeurs, conſerve pourtant l’ombre & le nom de liberté. Elle eſt encore aujourd’hui ce qu’étoient tous les états de l’Europe il y a dix ſiècles, ſoumiſe à de grands ariſtocrates, qui nomment un roi pour en faire l’inſtrument de leurs volontés. Chaque noble y tient de ſon fief, qu’il conſerve par ſon épée comme ſes aieux