Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/99

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que la ville ou la contrée la plus opulente ? Quel intérêt ces hommes peuvent-ils prendre à la félicité publique qu’ils ne partagent preſque point ? Quelle facilité de mauvais miniſtres ne doivent-ils pas trouver dans leur indigence pour les corrompre & obtenir, à prix d’argent, la pluralité des voix dont ils ont beſoin ? O honte ! l’homme riche achète les ſuffrages de ſes commettans pour obtenir l’honneur de les repréſenter ; la cour achète les ſuffrages des repréſentans pour gouverner plus deſpotiquement. Une nation ſage ne travailleroit-elle pas à prévenir l’une & l’autre corruption ? N’eſt-il pas étonnant que cela ne ſe ſoit pas fait, le jour qu’un repréſentant eut l’impudence de faire attendre ſes commettans dans ſon antichambre, & de leur dire enſuite : Je ne ſais ce que vous voulez, mais je n’en ferai qu’à ma tête ; je vous ai achetés fort cher, & j’ai bien réſolu de vous vendre le plus cher que je pourrai : le jour même où le miniſtre ſe vanta d’avoir dans ſon portefeuille le tarif de toutes les probités de l’Angleterre ?

N’y a-t-il rien à objecter contre cet effort de trois pouvoirs, agiſſant perpétuellement