Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/25

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fortune, la profeſſion de l’honneur, qui conſiſtoit dans le mépris de tous les dangers. Ce préjugé leur inſpiroit un courage invincible dans leurs expéditions, tantôt combinées entre différens chefs, & tantôt ſéparées en autant d’armemens que de nations. Ces irruptions ſubites, faites en cent endroits à la fois, ne laiſſoient aux habitans des côtes mal défendues, parce qu’elles étoiemt mal gouvernées, que la triſte alternative d’être maſſacrés, ou de racheter leur vie en livrant tout ce qu’ils avoient.

Quoique ce caractère deſtructeur fût une ſuite de la vie ſauvage que menoient les Danois & les Norvégiens, de l’éducation groſſière & toute militaire qu’ils recevoient ; il étoit plus particulièrement l’ouvrage de la religion d’Odin. Ce conquérant impoſteur exalta, ſi l’on peut s’exprimer ainſi, par ſes dogmes ſanguinaires, la férocité naturelle de ces peuples. Il voulut que tout ce qui ſervoit à la guerre, les épées, les haches, les piques, fût déifié. On cimentoit les engagemens les plus ſacrés par ces inſtrumens ſi chers. Une lance plantée au milieu de la campagne attiroit à la prière & aux ſactifices. Odin lui-