Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/37

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admiration & de votre amour. Mais, voilà mon image. Entourez-la ; ſatiſfaites-vous. Quand je ne ſerai plus, vous conduirez votre enfant aux pieds de ma ſtatue, & vous lui direz. Tiens, mon fils, regarde-le bien. C’eſt celui-là qui repouſſa les ennemis de l’état ; qui commanda ſes armées en perſonne ; qui paya les dettes de ſes aïeux ; qui fertiliſa nos champs ; qui protégea nos agriculteurs ; qui ne gêna point nos conſciences ; qui nous permit d’être heureux, libres & riches ; & que ſon nom ſoit à jamais béni ».

Quel inſolent orgueil, ſi cela eſt ! Quelle impudence ſi cela n’eſt pas ! Mais combien il y auroit peu de ces monumens, ſi l’on n’en eût élevé qu’aux princes qui les méritoient ? Si l’on abattoit tous les autres, combien en reſteroit-il ? Si la vérité avoit dicté les inſ-criptions dont ils ſont environnés, qu’y liroit-on ? « À Néron, après avoir aſſaſſiné ſa mère, tué ſa femme, égorgé ſon inſtituteur, & trempé ſes mains dans le ſang des citoyens les plus dignes ». Vous frémiſſez d’horreur. Eh ! viles nations, que ne m’eſt-il permis de ſubſtituer les véritables inſcriptions