Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/437

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quoique ſages, ne réuſſirent que tard. Les Chichemecas ſe refusèrent long-tems à l’inſtruction qu’on avoit entrepris de leur donner, repouſſèrent même toute liaiſon avec des inſtituteurs bienfaiſans & Américains. Ce ne fut qu’en 1608 que l’Eſpagne fut déchargée du ſoin de les habiller & de les nourrir.

Dix-huit ans après, Mexico voit ſe heurter avec le plus grand éclat la puiſſance civile & la puiſſance eccléſiaſtique. Un homme convaincu de mille crimes cherche au pied des autels l’impunité de tous ſes forfaits. Le vice-roi Gelves l’en fait arracher. Cet acte d’une juſtice néceſſaire paſſe pour un attentat contre la divinité même. La foudre de l’excommunication eſt lancée. Le peuple ſe ſoulève.

Le clergé séculier & régulier prend les armes. On brûle le palais du commandant ; on enfonce le poignard dans le ſein de ſes gardes, de ſes amis, de ſes partiſans. Lui-même il eſt mis aux fers & embarqué pour l’Europe avec ſoixante-dix gentils’hommes qui n’ont pas craint d’embraſſer ſes intérêts. L’archevêque, auteur de tant de calamités & dont la vengeance n’eſt pas encore aſſouvie, ſuit ſa victime avec le déſir & l’eſpoir de l’immoler,