Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/128

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ſe procurer des commodités ſans nombre dont ils n’avoient pas joui : que le ſpectacle de leur bonheur dégouteroit les ſauvages de leurs forêts & les fixeroit à un genre de vie plus paiſible : qu’une confiance entière s’établiroit inſenſiblement entre les Américains, les Européens ; & qu’avec le tems ils ne formeroient qu’un peuple : que la cour de Liſbonne auroit la ſageſſe de ne pas troubler par des partialités une harmonie ſi intéreſſante, & qu’elle chercheroit, par tous les moyens poſſibles, à faire oublier les maux qu’elle avoit faits au nouvel hémiſphère.

Mais combien les réalités ſont éloignées de ces douces eſpérances ! Dans les provinces de Fernambuc, de Bahia, de Rio-Janeiro, de Minas-Geraes, les Bréſiliens ſont reſtés mêlés avec les Portugais, avec les nègres & n’ont pas changé de caractère, parce qu’on n’a pas travaillé à les éclairer ; parce qu’on n’a rien tenté pour vaincre leur pareſſe naturelle ; parce qu’on ne leur a pas diſtribué des terres ; parce qu’on ne leur a pas fait les avances qui auroient pu exciter leur émulation. À Para, à Maragnan, à Matto-Groſſo,