Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/132

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meurtrières, ces cruautés inutiles duroient depuis un ſiècle, lorſque des miſſionnaires entreprirent de civiliſer les Indiens errans. Ils en ont réuni un allez grand nombre dans ſoixante-dix-huit bourgades, mais ſans pouvoir les fixer entièrement. Après quatre ou cinq mois d’une vie oiſive & sédentaire, ces hommes, entraînés par leurs anciennes habitudes, quittent leur demeure & leur famille pour aller cueillir dans les forêts des productions d’une nature brute, qu’avec très-peu de travail, ils pourroient obtenir près de leurs foyers, ou remplacer par des productions meilleures. Ce que ces courſes deſtructives & renouvelées chaque année donnent de cacao ſauvage, de vanille, d’écaille de tortue, de crab, de ſalſe-pareille, d’huile de coupau, de laine végétale, eſt porté à Belem, chef-lieu du gouvernement.

Cette ville bâtie à vingt lieues de l’océan & ſur un terrein qui s’élève treize pieds au-deſſus du niveau de la mer, ne fut longtems que l’entrepôt des ſauvages richeſſes qu’on y portoit de l’intérieur des terres. Des noirs qu’elle s’eſt enfin procurés ont fait croître à ſon voiſinage un peu de coton qui