Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/196

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qui n’avoit vu juſqu’alors dans la France qu’un appui ſolide, n’y voulut plus voir qu’un ennemi qui déſireroit néceſſairement, qui procureroit peut-être ſon oppreſſion. Cette inquiétude le précipita dans les bras de l’Angleterre, qui, accoutumée à tourner tous les événemens à l’avantage de ſon commerce, ne pouvoit manquer de ſaiſir avec chaleur une occaſion ſi favorable à ſes intérêts. Son ambaſſadeur Méthuen, négociateur profond & délié, ſigna le 27 décembre 1703, un traité par lequel la cour de Liſbonne s’engageoit à permettre l’entrée de toutes les étoffes de laine de la Grande-Bretagne, ſur le même pied qu’avant leur prohibition ; à condition que les vins de Portugal paieroient un tiers de moins que ceux de France aux douanes d’Angleterre.

Les avantages de cette ſtipulation, bien réels pour l’une des deux parties contractantes, n’étoient qu’apparens pour l’autre. L’Angleterre, qui obtenoit un privilège excluſif pour ſes manufactures, puiſqu’on laiſſoit ſubſiſter l’interdiction pour celles des autres nations, n’accordoit rien de ſon côté, ayant déjà établi pour ſon intérêt particulier, ce