Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/198

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prier une branche principale, ne tarde pas à s’emparer des autres branches moins conſidérables. Il a de ſi grands avantages ſur ſes concurrens, qu’il les dégoûte, & ſe rend le maître des contrées qui ſervent de théâtre à ſon induſtrie. C’eſt ainſi que la Grande-Bretagne parvint à envahir tous les produits du Portugal & de ſes colonies.

Elle lui fourniſſoit ſon vêtement, ſa nourriture, ſa quincaillerie, les matériaux de ſes édifices, tous les objets de ſon luxe ; elle lui renvoyoit ſes propres matières manufacturées. Un million d’Anglois, artiſans ou cultivateurs, étoient occupés de ces travaux utiles.

Elle lui vendoit des vaiſſeaux, des munitions navales, des munitions de guerre pour ſes établiſſemens du Nouveau-Monde, & faiſoit toute ſa navigation dans l’ancien.

Elle avoit mis dans ſes mains tout le commerce d’argent du Portugal. On en empruntait à trois ou trois & demi pour cent à Londres, & on le négocioit à Liſbonne, où il en valoit dix. Au bout de dix ans, le capital étoit payé par les intérêts, & il ſe trouvoit encore dû.