Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/237

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les lumières & les vertus propres à s’y faire aimer, à s’y concilier la confiance & le reſpect, & y établir la police & les loix ; & n’y paſſèrent-ils pas auſſi avec la ſoif de l’or qui les avoit dévaſtées ? falloit-il ſe promettre à l’origine des choſes une adminiſtration que l’expérience de pluſieurs ſiècles n’a pas encore amenée ? Eſt-il poſſible, même de nos jours, de régir des peuples séparés de la métropole par des mers immenſes, comme des ſujets placés ſous le ſceptre ? Des poſtes lointains ne devant jamais être ſollicités & remplis que par des hommes indigens & avides, ſans talent & ſans mœurs, étrangers à tout ſentiment d’honneur & à toute notion d’équité, le rebut des hautes conditions de l’état, la ſplendeur de ces colonies dans l’avenir n’eſt-elle pas une chimère, & le bonheur futur de ces régions ne ſeroit-il pas un phénomène plus ſurprenant encore que leur première dévaſtation ?

Maudit ſoit donc le moment de leur découverte ! Et vous, ſouverains Européens, quel peut être le motif de votre ambition jalouſe pour des poſſeſſions, dont vous ne