Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/259

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du matin au ſoir. Ce n’eſt qu’avec des précautions continuelles qu’on conſerve les ſemences, juſqu’à ce que la ſaiſon de les confier à la terre ſoit arrivée. Dans les premiers tems qui ſuivirent la découverte des Antilles, le bled qu’on y portoit pour ceux qui ne pouvoient pas s’accoutumer à la nourriture des anciens habitans du pays, ſe gâtoit ſi vite, qu’il fallut l’envoyer avec ſes épis. Cette précaution néceſſaire enchériſſoit ſi fort la denrée, que peu de gens étoient en état d’en acheter. On ſubſtitua la farine aux grains, ce qui diminuoit les frais, mais abrégeoit la conſervation. Un négociant imagina qu’il réuniroit le double avantage de la durée & du bon marché, s’il purgeoit parfaitement la farine du ſon qui contribue à ſa fermentation. Il la fit bluter, en mit la fleur la plus pure dans des tonneaux bien faits, & la comprima couche par couche avec des pilons de fer, de manière qu’elle formoit un corps dur preſque impénétrable à l’air. L’expérience confirma une phyſique ſi judicieuſe ; & cet uſage généralement adopté s’eſt toujours perfectionné de plus en plus.

On croyoit qu’il ne reſtoit plus rien à