Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/261

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les tems des grandes marges, d’habiles phyſiciens ont conjecturé que ce phénomène pouvoit provenir de ces deux cauſes.

Les eaux du ciel & de la mer éboulent, creuſent & ravagent la terre de plus d’une manière. L’océan, ſur-tout, attaque ce globe avec une fureur qu’on ne peut ni prévoir, ni éviter. Parmi les aſſauts que cet élément inquiet & turbulent ne ceſſe de lui livrer, il en eſt un connu aux Antilles ſous le nom de raz de marée. On le voit infailliblement une, deux ou trois fois depuis juillet juſqu’en ocobre ; & c’eſt toujours ſur les côtes occidentales, parce qu’il vient après les vents d’oueſt ou du ſud, ou même ſous leur influence. Les vagues qui, de loin, paroiſſent s’avancer tranquillement juſqu’à la portée de quatre ou cinq cens pas, s’élèvent tout-à-coup près du rivage, comme ſi elles étoient preſſées obliquement par une force ſupérieure, & crèvent avec une violence extrême. Les vaiſſeaux qui ſe trouvent alors ſur la côte ou dans des rades foraines, ne pouvant ni gagner le large, ni ſe ſoutenir ſur leurs ancres, vont ſe briſer gontreterre, ſans aucun eſpoir de ſalut pour les infortunés