Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/268

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leurs yeux étoient noirs, gros & un peu ſaillans. Leur figure auroit été agréable, s’ils n’avoient déparé l’ouvrage de la nature, pour ſe donner de prétendues beautés qui ne pouvoient plaire que chez eux. À l’exception des ſourcils & des cheveux, ils n’avoient pas un ſeul poil ſur tout le corps. Ils ne portoient aucune eſpèce de vêtement, & n’en étoient pas moins chaſtes. Seulement pour ſe garantir de la morſure des inſectes, ils ſe peignoient de la tête aux pieds avec du rocou, ce qui leur donnoit la couleur d’une écreviſſe cuite.

Leur religion ſe bornoit à cette opinion, ſi naturelle à l’homme, qu’on la trouve répandue chez la plupart des nations barbares & conſervée même chez pluſieurs des nations civilisées ; c’eſt-à-dire, qu’ils croyoient confusément un bon & un mauvais principe. La divinité tutélaire ne les occupoit guère ; mais ils redoutoient beaucoup l’être malfaiſant. Leurs autres ſuperſtitions étoient plus abſurdes que dangereuſes, & ils y étoient peu attachés. Cette indifférence ne les rendit pas plus dociles au chriſtianiſme, lorſqu’on le leur offrit. Sans diſputer contre ceux qui