Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/280

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Montſerrat, en pluſieurs iſles de peu de valeur. Saint-Chriſtophe reſta en commun aux deux puiſſances. Les Caraïbes furent concentrés à la Dominique & à Saint-Vincent, où tous les membres épars de cette nation ſe réunirent. Leur population n’excédoit pas alors ſix mille hommes.

VIII. Les François s’emparent d’une partie de St. Domingue. Caractère de ces aventuriers.

À cette époque, les établiſſemens Anglois qui, ſous un gouvernement ſupportable quoique vicieux, avoient acquis quelque conſiſtance, virent augmenter leur proſpérité. Les colonies Françoiſes, au contraire, furent abandonnées d’un grand nombre de leurs habitans, qui étaient déſeſpérés d’avoir encore à gémir ſous la tyrannie des privilèges excluſifs. Ces hommes, paſſionnés pour la liberté, ſe réfugièrent à la côte ſeptentrionale de Saint-Domingue, qui ſervoit d’aſyle à pluſieurs aventuriers de leur nation, depuis environ trente ans qu’ils avoient été chaſſés de Saint-Chriſtophe.

On les nommoit Boucaniers, parce qu’à la manière des ſauvages, ils faiſoient sécher à la fumée, dans des lieux appelés boucans, les viandes dont ils ſe nourriſſoient. Comme ils étaient ſans femmes