Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/288

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qui régnoit alors en Angleterre : mais elle attaqua le protecteur d’un autre côté.

L’Eſpagne avoit longtems menacé de ſes fers les autres nations. Il étoit poſſible, que la multitude, qui n’eſt pas faite pour calculer les forces des puiſſances, pour ſuivre les variations de la balance, ne fût pas encore revenue de ſes préventions anciennes. Une terreur nouvelle avoit ſaiſi ceux des bons eſprits qui étudioient la marche des affaires générales. Ils voyoient que ſi le torrent des proſpérités de la France n’étoit arrêté par une cauſe étrangère, elle dépouilleroit les Eſpagnols, leur donneroit la loi, les forceroit au mariage de l’Infante avec Louis XIV, s’aſſureroit l’héritage de Charles-Quint, opprimeroit la liberté de l’Europe après l’avoir défendue. Cromwel qui venoit de renverſer le gouvernement de ſa patrie, leur parut fait pour donner un frein à la domination des rois, mais ils le regardèrent comme le plus inepte des politiques, lorſqu’ils lui virent former des liaiſons que ſes intérêts particuliers, ceux de ſa nation, ceux de l’Europe entière, ſembloient lui interdire abſolument.