Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/290

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fugitifs, ils revinrent ſur leurs pas, & le forcèrent à ſe rembarquer honteuſement. Ce revers étoit l’effet des meſures mal concertées de cette expédition.

Les deux chefs de l’entrepriſe n’avoient que peu de talent. Ils ſe haiſſoient réciproquement & n’étoient pas attachés au protecteur. Des ſurveillans, ſous le nom de commiſſaires, gênoient leurs opérations. Les ſoldats envoyés d’Europe étoient le rebut de l’armée, & les milices tirées de la Barbade & de Saint-Chriſtophe manquoient de diſcipline. L’eſpoir du butin, cet aiguillon ſi néceſſaire pour faire réuſſir des entrepriſes éloignées & difficiles, étoit interdit. On avoit tellement diſposé les choſes qu’il ne pouvoit exiſter aucune harmonie entre les divers inſtrumens qui devoient concourir au ſuccès. Les armes convenables, les vivres propres au climat, les connoiſſances pour ſe bien conduire : tout manquoit également. L’exécution fut digne du plan. Le débarquement, qui pouvoit ſe faire ſans danger dans le port même, ſe fit ſans guide, à quarante milles. Les troupes errèrent quatre

jours