Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/296

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l’aborde, après avoir donné ſes ordres pour faire couler à fond ſon bâtiment ; & il étonne ſi fort les Eſpagnols par ſon audace, que nul d’entre eux ne ſe met en action pour le repouſſer. Arrivé à la chambre du capitaine, occupé à jouer, il lui met le piſtolet ſur la gorge, & l’oblige de ſe rendre. Ce commandant & la plus grande partie des ſiens ſont mis à terre au cap le plus proche, comme un poids inutile d’un vaiſſeau qu’ils ont ſi mal gardé ; & l’on n’y conſerve que ce qu’il faut de matelots pour en faire la manœuvre.

Cinquante-cinq Flibuſtiers, entrés dans la mer du Sud, ont pouſſé leurs courſes juſqu’aux plages de la Californie. Pour regagner les mers du Nord, ils font deux mille lieues contre le vent dans un canot. Au détroit de Magellan, la rage de ne rien emporter d’un océan ſi riche les ſaiſit, & ils reprennent la route du Pérou. On les avertit qu’au port d’Yauca eſt un vaiſſeau de force, chargé de pluſieurs millions. Ils l’attaquent, s’en rendent les maîtres & s’y embarquent.

Le Baſque, Jonqué & Laurent le Graff croiſent devant Carthagène avec trois petits