Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/299

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n’oſent continuer le combat contre une poignée d’hommes intrépides, qui, même en ſe retirant, remportent l’honneur de la victoire. Le commandant Eſpagnol va payer de ſa tête la honte que ſon ignorance & ſa lâcheté impriment à ſa nation. Dans tous les combats les Flibuſtiers montroient la même intrépidité.

Lorſqu’ils avoient fait un butin conſidérable, ils ſe rendoient dans les premiers tems à l’iſle de la Tortue pour faire leur partage ; dans la ſuite les François allèrent à Saint-Domingue, & les Anglois à la Jamaïque. Tous juroient qu’ils n’avoient rien détourné du pillage. Si, ce qui fut très-rare, quelqu’un étoit convaincu de parjure, à la première occaſion, il étoit abandonné comme infâme ſur quelque côte déſerte. Les premières diſtributions étoient toujours pour ceux qui avoient été mutilés dans les combats. La perte d’une main, d’un bras, d’un pied ſe payoit deux cens écus. Pour un œil ou pour un doigt, on ne recevoit que la moitié de cette ſomme. Pendant deux mois, les bleſſés recevoient trois livres par jour pour leur panſement. S’il ne ſe trouvoit pas de quoi remplir ces obligations ſacrées, l’équipage