Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/309

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c’étoit celle de Panama. Pour la faire réuſſir, Morgan crut devoir aller ſur les parages de Coſta-Rica, chercher des guides dans l’iſle Sainte-Catherine, où les malfaiteurs des Indes Eſpagnoles étoient confinés. Ce poſte étoit ſi bien fortifié, qu’il auroit dû arrêter dix ans entiers le guerrier le plus intrépide. Cependant, dès que les pirates parurent, le gouverneur envoya ſecrètement pour ſavoir comment il pourroit ſe rendre, ſans être accusé de lâcheté. On arrêta que Morgan inſulteroit pendant la nuit un fort détaché ; que le commandant ſortiroit de la citadelle pour aller au ſecours de cet ouvrage important ; que les aſſaillans viendroient enſuite le prendre par derrière, & le feroient priſonnier, ce qui entraîneroit la reddition de la place. Il fut convenu auſſi qu’on tireroit avec beaucoup de vivacité de part & d’autre, mais qu’on ne tueroit perſonne. Cette comédie fût jouée admirablement. Les Eſpagnols, ſans avoir couru de riſque, eurent l’air d’avoir fait leur devoir ; & les Flibuſtiers, après avoir détruit de fond en comble les fortifications, après avoir embarqué d’immenſes munitions de guerre qu’ils avoient