Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

foibleſſe parmi ceux qui s’aſſocioient à lui. Dans l’ardeur du combat, il parcouroit ſon vaiſſeau, obſervoit ſes gens l’un après l’autre, & tuoit ſur le champ ceux qui baiſſoient la tête, au bruit imprévu des coups de piſtolet, de fuſil, de canon. Cette étrange diſcipline l’avoit rendu la terreur des lâches & l’idole des braves. Du reſte, il partageoit volontiers avec les gens de cœur ſes immenſes richeſſes, fruit d’un courage ſi bien aguerri. Pour l’ordinaire, il faiſoit la courſe avec une frégate qui lui appartenoit. Ses nouveaux projets exigeant de plus grandes forces, il appella à lui Granmont, Godefroy, Jonqué, trois François fameux par leurs exploits, le Hollandois Laurent de Graff, encore plus célèbre qu’eux. Douze cens Flibuſtiers ſe joignirent à ces chefs ſi renommés, & l’on partit ſur ſix bâtimens pour la Vera-Crux.

Le débarquement ſe fit à la faveur des ténèbres, à trois lieues de la place, où l’on arriva ſans avoir été découvert. Le gouverneur, le fort, les caſernes, les poſtes importans, tout ce qui étoit capable de faire quelque réſiſtance étoit pris, lorſque le jour