Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/323

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lorſqu’on fut averti qu’elle étoit abandonnée. Il n’y étoit reſté qu’un canonnier, un Anglois, & un officier plein d’honneur, qui avoit mieux aimé s’expoſer à tout, que de fuir lâchement comme les autres. Le général Flibuſtier le reçut avec diſtinction, le renvoya généreuſement, lui fit rendre tout ce qui lui appartenoit, & y joignit de fort beaux préſens : tant l’honneur, le courage & la fidélité conſervent d’aſcendant ſur ceux même qui ſemblent violer tous les droits de la ſociété !

Les vainqueurs de Campèche employèrent deux mois à fouiller tous les environs de la ville à douze ou quinze lieues, enlevant tout ce que les fuyards avoient cru ſauver. Lorſqu’on eut embarqué toutes les richeſſes trouvées, ſoit au-dedans, ſoit au-dehors de la place, on propoſa au gouverneur de la province qui tenoit la campagne avec neuf cens hommes, de racheter ſa capitale. Son refus décida l’incendie de la ville, la deſtruction de la fortereſſe. Les François voulurent célébrer la fête de leur roi, le jour de Saint Louis. Dans les tranſports du patriotiſme, de l’ivreſſe, de l’amour national pour le prince, ils brûlèrent pour un million