Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/342

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avantages qui laiſſèrent la nation rivale de la ſienne, fort en arrière. Dès-lors l’Angleterre fut tout, & la Hollande ne fut rien.

XII. Grande activité qu’on remarque dans les iſles de l’Amérique, après la pacification d’Utrecht.

Les années qui ſuivirent la pacification d’Utrecht, rappelèrent le ſiècle d’or à l’univers, qui ſeroit toujours aſſez tranquille, ſi les Européens qui ont porté leur armes & leurs haines dans les quatre parties du monde, n’en troubloient pas l’harmonie. Les champs ne furent plus jonchés de cadavres. On ne ravagea point la moiſſon du laboureur. Le navigateur oſa montrer ſon pavillon dans toutes les mers, ſans crainte des pirates. Les mères ne virent plus leurs enfans arrachés de leurs foyers, pour aller prodiguer leur ſang aux caprices d’un roi imbécile ou d’un miniſtre ambitieux. Les nations ne s’aſſocièrent plus, pour ſervir les paſſions de leurs maîtres. Les hommes vécurent quelque tems en frères, autant que l’orgueil des monarques & l’avarice des peuples peuvent le permettre.

Quoique ce bonheur général fut l’ouvrage de ceux qui tenoient les rênes des empires, les progrès de la raiſon univerſelle y avoient quelque part. La philoſophie