Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/36

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La nourriture des Bréſiliens étoit peu variée. Dans une région privée d’animaux domeſtiques, on vivoit de coquillages ſur les bords de la mer, de pêche près ces rivières, & dans les forêts de chaſſe. Le vuide, que laiſſoient trop ſouvent des reſſources ſi fort incertaines, étoit rempli par le manioc & par quelques autres racines.

Ces peuples aimoient fort la danſe. Leurs chanſons n’étoient qu’une longue tenue, ſans aucune variété de tons. Elles rouloient ordinairement ſur leurs amours ou ſur leurs exploits guerrière. La danſe & le chant ſont deux arts dans l’état policé. Au fond des forêts, ce ſont preſque des ſignes naturels de la concorde, de l’amitié, de la tendreſſe & du plaiſir. Nous apprenons ſous des maîtres à déployer notre voix, à mouvoir nos membres en cadence. Le ſauvage n’a d’autre maître que ſa paſſion, ſon cœur & la nature. Ce qu’il ſent, nous le ſimulons. Auſſi le ſauvage qui chante ou qui danſe eſt-il toujours heureux.

La tranquilité perſonnelle des Bréſiliens n’étoit jamais troublée par les terreurs d’une vie future dont ils n’avoient point d’idée :