Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/383

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ſoient peut-être d’autant plus de la vérité, qu’on y montreront plus de pénétration. On s’expoſeroit ſouvent à remplir par quelque grande vue, par une ſpéculation profonde, un vuide qui ſubſiſte par l’ignorance d’un mot plaiſant, d’un caprice frivole, d’un petit reſſentiment, d’un mouvement puéril de jalouſie : car voilà les merveilleux leviers avec leſquels on a ſi ſouvent remué la terre, & avec leſquels on la remuera ſi ſouvent encore. S’il eſt ſage alors de ſe taire ſur les cauſes obſcures des événemens, c’eſt le tems de parler ſur le caractère des acteurs. On ſait ce qu’ils étoient dans l’enfance, dans la jeuneſſe, dans l’âge mur, dans la famille & dans la ſociété ; dans la vie privée & dans les affaires ; quelles ont été leurs qualités naturelles, leurs talens acquis, leurs paſſions dominantes, leurs vices, leurs vertus ; leurs goûts & leurs averſions ; leurs liaiſons ; leurs haines & leurs amitiés ; leurs intérêts, les intérêts des leurs ; ce qu’ils ont éprouvé de la faveur & de la diſgrâce ; les moyens qu’ils ont employés pour arriver aux grandes places, & pour s’y maintenir, la conduite